Etape 37 - Musée Groeningen - XVIe siècle à Bruges et Anvers
Mardi 5 février 2019. Incontournable, le retable du maître de la légende de Sainte-Lucie***, par ses couleurs riches et vibrantes, rappelle le travail de Hans Memling, contemporain de l'artiste à Bruges.

Le panneau du milieu montre une représentation monumentale de la Lamentation of Christ, située sur un fond de paysage avec une vue fictive de Jérusalem. Sur le panneau de gauche, le donneur est agenouillé devant son saint patron, Saint Dominique. Sur le panneau de droite, une femme admirablement vêtue est représentée, accompagnée de saint François. Il y a aussi des représentations de saints sur les panneaux arrières: Saint Antoine de Padoue à gauche, le franciscain Saint-Bernard de Sienne à droite.

L'identité de la famille qui a commandé ce triptyque monumental reste inconnue. La robe rouge de la bienfaitrice, avec ses garnitures d'hermine, indique clairement une grande richesse. Cela donne à penser que le donateur devait être un membre éminent de la noblesse locale de Bruges, qui avait probablement des liens étroits avec l'ordre franciscain. Il est même possible que le triptyque ait été spécialement commandé pour l'Église des Frères mineurs dans la Braambergstraat, où les nations florentine et catalane avaient toutes deux des fondements religieux.
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Le maître de la légende de Sainte-Lucie, avec Hans Memling et le maître de la légende de Sainte-Ursule, fut l'un des peintres les plus accomplis de la fin du XVe siècle à Bruges. En plus de plusieurs commandes pour des clients tels que Donaas de Moor et Adrienne De Vos, il a également peint de nombreuses œuvres pour des marchands étrangers, notamment un retable pour la Brotherhood of Blackheads, une association de marchands non mariés de Reval (aujourd'hui en Estonie), et un tableau de sainte Catherine pour un marchand de Pise. |
Oeuvre majeure présentée dans la salle de Bruges vers 1500, "La Mort et la misère", de Jan Provoost, une oeuvre réalisée en quatre panneaux, peinte entre 1505 et 1510.

Ces panneaux étaient à l'origine les ailes d'un triptyque dont le panneau central est maintenant perdu. Les donateurs apparaissent à l'intérieur du triptyqye. Quand celui-ci est fermé, il montre l'image de la mort et l'avare.

Les donateurs se mettent à genoux dans la prière dans un petit jardin clos. La vue à l'arrière-plan comprend des scènes des légendes de leurs saints patrons Nicholas et Godeliva.

Provoost place l'épisode à Anvers. La tour que nous voyons en construction est celle de la cathédrale Notre-Dame.

Fabuleuse scène que cet avare qui tend un maigre billet à la mort qui se moque et se joue de lui...

Le triptyque de Salamanque***, par Pieter Claeissens (1567), fait également partie des oeuvres majeures à ne pas manquer dans la salle consacrée au XVIe siècle.

Par ce tableau, on voit la vive évolution des peintres brugeois, qui tendent vers plus de réalisme. En retrait, la Sainte-Vierge semble presque effacée par la figure de Marie-Madeleine baisant les pieds du Christ.

On remarque aussi comment l'artiste mêle étrangément les époques à travers les habits portés par les personnages, la robe en velours portée par Marie-Madeleine tranchant avec la simplicité, presque le dénuement des habits de la Vierge. |
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Autre grand tableau qui marque l'entrée de plein pied dans le XVIe siècle des artistes brugeois, La Cène, dernier repas, de Pieter Pourbus, réalisée en 1548. Cette oeuvre fait partie des premiers travaux de Pourbus qui allient le style flamand traditionnel du début du XVIe siècle aux influences italianisantes apportées au nord par ses pairs.

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Incontournable également, le Saint-Luc peignant le portrait de la Vierge (1545), réalisé par Lancelot Blondeel. La scène d'une typique suavité brugeoise (David, Isenbrandt) est entourée d'un cartouche décoratif aux entrelacs grouillants, tout Renaissance dans l'ornement mais d'une exagération et d'une prolifération qui dépassent encore les maniéristes anversois des années 1510-1520. |
Cette prodigalité de l'ornement peint encadrant à l'intérieur du tableau la scène principale (l'ornement, il est bien vrai, est une des grandes affirmations du XVIe siècle, notamment par le cartouche) est typique de la manière de Blondeel qui renforce souvent son archaïsme crispé par l'emploi d'un fond d'or.



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